En Amérique du sud, on utilise une grande variété de flûtes de Pan. Les espagnols les ont appelé par un terme générique : les zampoñas. Mais chaque flûte a son nom en langue Indienne. Ces noms peuvent varier d'un endroit à l'autre de la Cordillère des Andes. Pour m'y reconnaître parmi les dizaines de flûtes dont je joue, j'ai délibérément choisi d'utiliser pour chaque flûte le nom le plus couramment utilisé en France. J'ai appris ces noms auprès de Sud-américains que je côtoie. Il existe dans la Cordillère des Andes beaucoup d'autres flûtes. Cette page présente uniquement les quelques flûtes de canne et de bambou que j'utilise au quotidien.
La famille des sikus
Les flûtes que je vous présente ci-dessous forment la famille des sikus (prononcer "sikou") et sont utilisables ensemble pour former un orchestre, la sikuriada, qui peut être constitué de centaines de flûtistes dans les Andes. Toutes ces flûtes sont faites de bambou aux parois très fines qui donnent un son très particulier riche en harmoniques.
Je fabrique toutes les flûtes de Pan que j'utilise.
<écouter une sikuriada enregistrée à La Paz (Bolivie)>
C'est la flûte de Pan de base d'Amérique Latine. Elle est constituée de deux parties complémentaires qui forment deux rangées : l'ira, celle qui mène la mélodie, a 6 tubes. L'arka, celle qui suit, a 7 tubes. Cette flûte est conçue pour être jouée par deux musiciens. Chaque musicien utilise une partie de la gamme. De cette manière, il est possible de jouer très rapidement et très fort, sans silence entre les notes pour reprendre sa respiration.
En solo, les deux rangées permettent de réduire la largeur de la flûte, mais cela nécessite une gymnastique pour passer de l'une à l'autre.
Je fabrique mes sikus à partir de flûtes pour touristes importées d'Amérique Latine, mal faites et désaccordées, mais dont le bambou est de bonne qualité. Je démonte tout, j'accorde, je polis, et je refais de nouvelles flûtes parfaitement finies et utilisables en concert.
ce sont des sikus, mais plus grands ! Les vrais sankas, comme les sikus, ont 6 + 7 tubes. Les miens sont doubles, c'est à dire que ce sont des sankas et des sikus accolés l'un à l'autre. Il ont deux rangées de 10 et 11 tubes.
Ce sont des sikus géants ! comme mes sankas, les miens sont étendus: des sankas + des toyos. Le plus gros tube fait 1,20 m de long. Mais certains toyos peuvent aller jusqu'à 2 mètres : il faut en jouer sur un tabouret, ou à genoux penché en arrière, le toyos presque à plat par terre.
C'est l'instrument qui nécessite le plus de maîtrise du souffle.
Ce sont des sankas que je fabrique avec du simple PVC à canalisations. En plus de la rangée principale, ceux-ci ont une rangée de tubes non bouchés : les résonateurs. Ils sonnent par sympathie et donnent à la flûte un son riche en harmoniques.
Sikus et bombo
Toutes les flûtes de la famille des sikus peuvent se jouer avec le bombo, gros tambour des Andes.
cette flûte vient d'Équateur. La disposition de ses tubes permet au musicien de s'auto-accompagner à la tierce en soufflant dans deux tubes à la fois. Cet instrument permet aussi de jolies successions de notes qui font penser au chant d'un oiseau. A l'origine, le rondador était constitué d'un roseau aux parois épaisses comme notre Canne de Provence. Actuellement, ils sont faits de bambou aux parois fines, comme les sikus.
cette flûte est utilisée un peu partout dans les Andes. Elle se rapproche de notre flûte de Pan européenne. Elle est constituée de tubes de bambou aux parois très fines, ce qui donne un son très doux.
Les flûtes des Andes : flûtes droites
La famille des kénas
La kéna est faite d'un morceau de bambou épais. C'est une flûte à encoche, sans bec pour canaliser l'air. D'où son jeu rébarbatif : on n'en sort pas un son du premier coup !
Mais une fois maîtrisée, c'est une flûte puissante et vive, couvrant deux octaves et demi dans la pratique.
Elle existe dans une infinité de tonalités. La plus courante en France est la kéna en sol (La 440). Dans les Andes, chaque groupe utilise sa tonalité accordée aux voix des chanteurs.
L'absence de bec nécessite une bonne technique pour souffler directement sur l'encoche. Le son est puissant et les possibilités de jeu très étendues grâce à 2 octaves 1/2 et les variations de timbre produites en jouant sur la position des lèvres. Le principe est semblable au shakuachi japonais.
Le son très particulier, sauvage, était une marque d'identité des indiens. Les conquistadors en ont interdit l'usage et ont essayé d'imposer le pinkillo, version à bec de la kéna. Sans succès puisque cette dernière est très utilisée de nos jours ! Et le pinkillo, comme toute flûte à bec, offre beaucoup moins de possibilités d'expression que la Kéna.
C'est une énorme kéna au son très grave et envoûtant. Mon kénacho a été fabriqué par Jeff Barbe, luthier en Ardèche, avec du bambou poussant près de cette rivière.
Ce sont deux petites flûtes à bec parfaitement accordées qui se jouent ensemble. Leur son est magique et provoque souvent un silence d'étonnement et d'émotion chez les auditeurs. Mes dulciñas ont aussi été fabriquées par Jeff Barbe.